1989 marque un tournant de l’histoire du mouvement étudiant québécois. En effet, c’est le début de ce qu’on peut appeler la grande noirceur car Ce sera le début d’une très longue période de recule en éducation sous les coups du néo-libéralisme. L’ANEEQ[1] se divise et finira par s’écrouler en 1993 pendant que la FECQ[2] et la FEUQ[3] sont crées. Cependant, une différence majeure oppose les trois organisations estudiantines. La première se base sur le syndicalisme de combat tandis que les deux secondes sur syndicalisme d’affaire. Ces deux concepts seront promptement définis dans un autre article.
1993, après la réélection des libéraux de Robert Bourrassa en 1989, la nouvelle ministre de l’éducation Lucienne Robillard annonce une réforme en profondeur du réseau d’éducation collégiale qui prévoit l’imposition d’un ticket modérateur (ancêtre de la fameuse taxe à l’échec) aux étudiants qui échouent des cours ainsi que l’arrimage de la formation aux besoins des entreprises capitalistes et cela au détriment du libre accès à la connaissance. Malgré l’ampleur de la réforme Robillard, la FECQ n’opposera que peu de résistance, se content de décrier sans réellement agir de manière ferme. L’élection des péquistes de Jacques Parizeau en 1995 viendra mettre fin à l’idée du ticket modérateur, du moins, pour le moment.
1994, après la réforme provinciale, voici la réforme fédérale du ministère Loyld Axworthy suite à l’élection des libéraux de Jean Chrétien. La réforme Axworthy réduit considérablement les transferts fédéraux en éducation vers le gouvernement du Québec. La participation financière du gouvernement du Canada qui était de près de 25 % avant la réforme passe à près de 16 %. Les fédérations étudiantes que sont la FECQ et la FEUQ décrient encore une fois cette réforme sans réellement agir de manière ferme. La réforme sera adoptée par le parlement fédéral.
1996, après les coupures, voilà maintenant le temps que les étudiants et étudiants paient davantage pour les études postsecondaires. Sous le gouvernement de Lucie Bouchard, la lutte au déficit 0 est la priorité absolue. Dans ce contexte, la ministre de l’éducation, Pauline Marois annonce que le gouvernement entend dégeler les frais de scolarité en proposant une augmentation de 600 dollars ainsi que de réduire le financement du programme de prêt et bourse. Le MDE[4] est l’instigateur de cette mobilisation étudiante en déclanchant rapidement la grève dans trois collèges. Près de 20 autres associations étudiantes collégiales les imiteront rapidement. Cependant, les deux fédérations étudiantes, la FECQ et la FEUQ préfèrent la concertation et le lobbisme auprès du gouvernement lors du sommet sur l’économie et l’emploi. Finalement, ces dernières claquent la porte du sommet parce qu’elles sont entrain de perdre la face. Les étudiants et étudiants de 23 collèges sont dans la rue depuis deux semaines pendant que ceux-ci continuent de discuter avec le gouvernent plutôt que d’appeler à la mobilisation.
Une fois que la «job de bras» aura été fait par les collégiens et collégiales, les deux fédérations s’interposeront comme négociateurs du mouvement étudiant (On se demande encore où celles-ci sont allés cherchées leurs mandat de parler au nom de l’ensemble du mouvement étudiant...). Au final, la ministre de l’éducation réaffirmer la volonté du gouvernement de ne pas dégeler les frais de scolarité mais impose la fameuse taxe à l’échec (Ça ne vous rappel pas un projet de ticket modérateur sous les libéraux ça ?). Cela laissera un goût très amer dans les cégeps pendant plusieurs années.
2001, la taxe à l’échec est finalement abolie à la suite de longue pression du mouvement étudiant québécois qui durait depuis son imposition en 1996, ce qui permit à la ministre de l’éducation de l’époque, Pauline Marois, de sauver la face suite à son échec pour dégeler les frais de scolarité. Son boycott et un recours judiciaire auront finalement eu raison de cette honte nationale qui restreignait l’accessibilité aux études collégiales. En effet, les étudiants et étudiantes qui échouaient un cours se voyait facturer 90 dollars par cours échoué. Cette année marque également la grande mobilisation contre la ZLÉA[5] lors du sommet des Amériques à Québec. Ce sera l’éveil politique contre le néo-libéralisme et le capitalisme sauvage pour une génération d’étudiants et d’étudiantes.
2005, depuis près d’un an, les fédérations étudiantes que sont la FECQ et la FEUQ tente de parlementer avec le gouvernement libéral de John James Charest pour qu’il la réforme de l’Aide Financière aux Études qui la transforme de 103 millions de bourse en prêt. Devant le peu de résultat de cette tactique de lobbisme, l’ASSÉ[6] lance un ultimatum au gouvernement en octobre 2004 et qui restera sans réponse. Dès lors, les associations étudiantes membres de l’ASSÉ et plusieurs associations étudiantes indépendantes envisagent la grève générale lors de la session d’hiver 2005. Celle-ci débute dès le 21 février dans la région de Montréal et s’étend rapidement à travers le Québec, dès le 23, près de 30000 étudiants et étudiantes sont dans la rue pour réclamer l’abolition de la réforme. Le mouvement deviendra rapidement sans précédent et les fédérations étudiants finiront finalement de s’y joindre le 7 et le 15 mars 2005. Celles-ci allaient encore une fois perdre la face. Celles-ci s’imposent dès lors comme les négociatrices du mouvement étudiant. On se demande encore, tout comme en 1996 où elles ont pris leur mandat pour représenter l’ensemble du mouvement étudiant. A son maximum, la mobilisation ressemblera près de 250 000 étudiants en grève générale. Au final, ça sera un match nul qui aura un goût très amer pour nombre d’étudiants. En effet, une mobilisation sans précédent comme celle-ci aura normalement avoir une victoire complète sur le gouvernement. Cependant, les étudiants et étudiantes se contenteront de miette de pain.
La période 1989-2006 marque une période très sombre en éducation. Devant le recule du syndicalisme de combat, le lobbisme des fédérations étudiantes s’impose et on voit les résultats. De 1968 à 1988, le mouvement étudiant obtient des améliorations très importantes de l’Aide Financières aux Études, de l’accessibilité aux études ainsi que la création du réseau des universités du Québec. La période qui suivra marquera un profond recule avec le dégel des frais de scolarité, des coupures massives dans le système d’éducation postsecondaires et que dans l’Aide Financières aux Études. Devant ce triste constat, qu’est-ce que l’avenir nous réserve ?
Cependant, tout n’est pas sombre puisque la grande grève étudiante de 2005 a politisé toute une génération et démontré que lorsque nous somme unis sous un mouvement de masse. Nous pouvons ébranler les colonnes du pouvoir politique. Le Sommet des Amériques de Québec en 2001 fut l’évènement déclencheur, la grève étudiant de 2005 aura servis de catalyseur à toute une nouvelle génération de québécois et québécoises.
[1] Association Nationale des Étudiants et Étudiantes du Québec
[2] Fédération Étudiante Collégiale du Québec
[3] Fédération Étudiante Universitaire du Québec
[4] Mouvement pour le Droit à l’Éducation
[5] La Zone de libre-échange des Amériques ou ZLÉA est une communauté économique qui pourrait succéder à l'ALENA. Ce projet est fortement poussé par le gouvernement des États-Unis. Il engloberait 34 pays, soit toute l'Amérique, sauf Cuba.Ce projet est vivement critiqué, essentiellement en Amérique du Sud, par des associations, des syndicats et des partis politiques car il aurait selon eux des conséquences sociales très négatives. Ce projet est notamment critiqué par l'important MERCOSUR qui regroupe le Brésil, l'Uruguay, l'Argentine et le Paraguay. Les États-Unis ont également essuyé de nouveaux revers avec l'arrivée au pouvoir du MAS d'Evo Morales en Bolivie et l'élection de la socialiste Michelle Bachelet au Chili qui risquent de s'ajouter aux pays contre la ZLEA.
[6] Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante
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